lundi 9 mai 2016

Lettre à mon petit-fils



"Il suffit d'un baiser pour apprendre l'amour."
Max-Pol Fouchet

De l'autre côté de l'Atlantique, par la magie des ondes, je découvre ton visage de petit homme. Tu t'appelles Victor. En quelques heures, tu as conquis les cœurs. Ta première victoire sur le monde, peut-être la plus essentielle. Et me voilà grand-mère, la mère de ton père. Ce grand fils que j'aime tant. Et toi maintenant. Aimer encore. Sans limite. Sans peur. Te faire ce cadeau. Te donner cette force.

J'aime ton visage de nouveau-né affamé à la sortie du bain, agrippé à ton pouce dans l'attente que le lait te nourrisse. La vie commence avec ce besoin, cette attente, cet espoir ; une vie qui te remplisse. On te dira plus tard que tu es né à une drôle d'époque. Naître et grandir c'est découvrir ce que les générations précédentes t'ont légué de fabuleux et de plus dramatique. L'un ne va jamais sans l'autre, au plus fort du courant tu choisiras ta rive. Du haut de l'arbre où ta naissance me projette, riche de mon expérience, de mes grands bonheurs et de mes peines, de toutes mes épreuves, de toutes mes victoires, je te transmets ma foi : tu pourras choisir ce que tu veux vivre, celui que tu veux être.

De l'autre côté de l'Atlantique, j'attends de te serrer dans mes bras, de sentir ta peau si lisse déjà caressée mille fois, qui ne jamais ne s'use, qui jamais ne se lasse d'entrer victorieuse dans la vie de ses parents.





mercredi 16 mars 2016

La vie rêvée des autres


"Etre heureux c'est toujours être heureux malgré tout."
Clément Rosset
 
 
 
 
Evaluer sa vie à l'aune de celle d'autrui : le malheur assuré
S'il existe une façon d'être malheureux à coup sûr  c'est de focaliser sur ce que les autres possèdent et qui semble nous manquer.  C'est une fâcheuse manie mais une tentation irrésistible, un plaisir à se faire du mal pour le meilleur (Se motiver) ou pour le pire (Eviter d'essayer donc se préserver de l'échec, se condamner à une vision médiocre de soi.).  Si nous savions vraiment ce que les autres vivent et le prix à payer pour être à leur place, il est moins sûr que l'envie nous tienne encore. Chacun porte sa croix, tire son boulet, cherche la sortie dans le labyrinthe de ses expériences du monde. Vivre est pour chacun un chemin parsemé de larmes.
 
Faire avec sa vie
Tout avoir ne remplit pas la vie. Parfois, elle la vide de sa substance. Le combat modéré, la bataille pour obtenir ce qu'on souhaite, le dépassement d'épreuves donnent du relief à l'existence.  Il s'agit plutôt de vivre SA vie, celle qui nous est destinée. Nous avons pour mission d'en tirer le meilleur. Progresser, quelque soit le domaine, est une garantie de gratification. Cela fait naître en soi un profondément sentiment de bien-être. Ce que nous percevons de la vie d'autrui et qui nous donne envie nous parle de ce qui nous manque et qui pourtant existe en nous de façon embryonnaire. Il s'agit de savoir comment faire grandir l'embryon.
 
Savoir ce que l'on veut
La plupart des gens ne savent absolument pas ce dont ils ont envie. Ils se laissent capturer par les images séduisantes qu'on leur propose mais qui n'ont rien à voir avec leurs besoins profonds. C'est pour cela, qu'une fois atteint leur objectif (couple, maison, argent, voyage, job), le dégoût ou l'ennui les saisissent. Ils ignorent également ce qui fait leur valeur, leur différence ou bien cela ne leur semble pas suffisant ou encore trop difficile à mettre en œuvre. Tendre vers un "autre" idéal semble plus confortable mais c'est une tension qui fige dans la frustration ou dans un rêve qui fait pâlir le quotidien.
 
Le merveilleux est partout mais il faut exercer son œil et son âme pour le saisir. Cultiver la joie en soi indépendamment des circonstances est un art nécessaire. Dans l'application qu'on met à le parfaire, on est heureux d'être simplement soi.
 


lundi 2 novembre 2015

Le miracle des rencontres


 Heliana Lages, créatrice de bijoux - www.helianalages.com.br

"Ce qu'on rencontre dans la vie est la destinée. La façon dont on la rencontre est l'effort personnel."
Sathya Sai Baba


La rencontre a besoin d'espace
Le Brésil est un pays formidable pour l'européen. Il lui apprend à rencontrer l'autre. Exit les stratégies d'évitement finement mises au point pour préserver sa bulle d'intimité dans la promiscuité des transports en commun. Ici, on se regarde, on se sourit et on se parle avec une gentillesse que notre froideur caractériserait volontiers d'enfantine. Alors, dans le face à face des visages qui s'éclairent de se découvrir différents surgit l'espace de la rencontre que déserte la peur de l'autre. 

Les rencontres qui changent une vie
Heliana Lages est créatrice de bijoux. Elle crochète le fil de fer avec l'ingéniosité, la grâce et l'inventivité d'une artiste inspirée. C'est aussi une femme lumineuse et chaleureuse qui s'intéresse aux autres. Heliana est psychologue quand en 1999 elle décide de travailler plus particulièrement avec des personnes déficientes physiques. Elle croise le chemin d'une femme qui ne sait faire qu'une seule chose : crocheter. La rencontre est une révélation. Sa vie professionnelle prend un tournant décisif. Elle devient designer de bijoux. Heliana réinvente la technique millénaire du "crochet de fil de fer" pour le plus grand plaisir des stars de la télévision brésilienne et des femmes de tous les jours.


Que faire de nos rencontres ?
La rencontre a toujours quelque chose "d'amoureux" qu'il s'agisse d'un lieu, d'un objet, d'une personne. Par le pétillement qu'elle provoque, elle crée un lien qui nous fait perdre le fil de notre vie. Elle nous propulse vers une direction inattendue à prendre ou à ignorer. J'entends souvent les gens dire qu'ils attendent la "bonne rencontre" mais la rencontre ne suffit pas en elle-même. Il faut qu'elle soit suivie d'action. La rencontre est une invitation, une porte qui s'ouvre.

J'ai rencontré Heliana Lages à Brasilia, lors de l'exposition "Brasil criativo". Elle est de ces femmes puissantes qui prennent en main leur vie et qui armées de leur talent vont à la conquête du monde. 



dimanche 23 août 2015

Skype, un ami qui vous veut du bien




"Il n'y a pas de distance entre les êtres. Il suffit de consentir à la connaissance."
Thérèse Tardif

Gagner du temps
J'avais jusqu'à présent réservé l'usage de Skype à des objectifs professionnels. Quand on cherche à optimiser le temps, ne pas le perdre dans les transports est une excellente stratégie. Une fois familiarisé avec la petite fenêtre, les quelques onglets et les reflets respectifs, la relation peut s'établir et les échanges se faire avec l'efficacité attendue d'un rendez-vous professionnel.

Mieux écouter
Le deuxième avantage de Skype est de faire l'économie de certains sens : le toucher et l'odorat. On est libéré de la place que peut prendre le corps dans la relation. Tout d'abord, on n'en présente que "des morceaux choisis" dont on sait qu'ils sont en totale sécurité ce qui donne une impression de contrôle. Par ailleurs, cela permet d'être plus détendu, moins centré sur soi . De ce fait, on écoute mieux ; les informations parasites sont moins nombreuses. On pourrait dire que lorsqu'on est absent on est plus présent.

S'affranchir des distances
J'ai toujours rêvé d'être téléportée. J'attends cette invention avec impatience comme certains rêvent d'aller sur la Lune. Claquer des doigts et être déjà ailleurs. Dissoudre les distances. En fait, c'est un peu ce qui se passe avec Skype (ou autre Hangout). Je suis là et à la vitesse satellitaire mon image se dessine et se meut à l'autre bout de la planète. J'y suis et je n'y suis pas. Quand le lien n'est pas professionnel mais amoureux, la magie a ses limites, celle d'un corps impossible à étreindre, une odeur dont l'absence trace le sillon de la frustration. Face aux miracles de la technologie, le cœur bat mais le corps souffre. Aucune image aussi animée soit-elle ne remplace la présence de l'amant. Cependant elle permet d'attendre et d'espérer.

La sociologue américaine Sherry Turkle dit que nous sommes "connectés mais seuls" : la technologie  nous pousse à gérer notre image (Je ne montre qu'une image très contrôlée de moi-même : selfie et autre avatar choisi) et notre temps (Je ne communique que lorsque j'ai envie) et nous empêche d'entrer véritablement en relation. Nous ne savons même plus comment faire. Il s'agit donc, comme en toute chose, de trouver un équilibre entre l'usage de la technologie et le plein pied dans le réel qui -il est vrai- est beaucoup moins sécurisant mais plus satisfaisant.




vendredi 14 août 2015

Commencer une nouvelle vie



"Quand on aime, il faut partir."
Blaise Cendrars

De Paris à Brasilia...
L'amour de soi, l'amour de l'autre, l'amour de son métier, du voyage, d'une culture... L'amour est un moteur de changement. Pourquoi le fuir si ce n'est pour éviter de changer ?

Partir c'est perdre ses repères
Changer c'est à la fois perdre et gagner ; perdre le connu, le sécurisant, ce qu'on maîtrise et gagner l'inconnu,  la surprise, la nouveauté; C'est à la fois faire des deuils et s'enthousiasmer d'avoir tant à découvrir de soi et du monde. Changer c'est perdre de nombreux repères liés à son environnement :

- affectif et de soutien (famille, amis, médecins, commerçants ...)
- social (travail, collègues, place dans l'échiquier professionnel...)
- financier (gains, dépenses, niveau de vie...)
- géographique (Comment s'orienter, se déplacer, s'habiller...)
- linguistique (Vais-je pouvoir communiquer comme je souhaite ? Serai-je compris ?)
- culturel (Comment regarder, interpréter ce qui m'entoure ? Quel regard pose t-on sur moi ? Comment vais-je me positionner par rapport à ce nouveau monde ?)

Changer entraîne de l'insécurité, de la peur, du malaise et donc forcément des maladresses. I

Accepter de ne plus contrôler grand chose
Partir c'est laisser derrière soi le passé et s'ouvrir totalement à l'avenir. C'est la chance de commencer une nouvelle vie si on accepte de se remettre en question plutôt que de se crisper sur ses certitudes comme le commande la peur. Partir est une expérience de lâcher-prise : accepter un état de flottement en se rappelant que plus le courant est fort, plus il faut se laisser porter pour éviter l'épuisement.

En fait, il y a au moins deux choix possibles :

- l'ouverture totale : "I surrender" ou "Je me rends/ Je m'abandonne à une volonté supérieure" comme dans le si beau film L'Odyssée de Pi de Ang Lee. On s'en remet totalement au destin en quelque sorte si on est optimiste ou aventurier. On est alors forcément projeter dans des univers qu'on aurait sans doute éviter.

- la ligne de mire : vous partez avec un projet, un objectif précis, un sens à donner à votre vie,  un nouvel horizon qui vous motive et vous donne la force de faire face à l'inconnu. Cette perspective doit être suffisamment stimulante pour vous permettre de dépasser les obstacles liés à la perte de maîtrise.

Il existe sûrement une troisième voie, à mi-chemin entre les deux.

Commencer une nouvelle vie, non en substitution de la précédente comme on jetterait le bébé avec l'eau du bain mais comme une vie qui s'ajoute à celle à laquelle elle succède. Garder le meilleur de soi, de ses expériences et disposer de l'énergie nécessaire pour déployer ses ailes.