lundi 9 mai 2016

Lettre à mon petit-fils



"Il suffit d'un baiser pour apprendre l'amour."
Max-Pol Fouchet

De l'autre côté de l'Atlantique, par la magie des ondes, je découvre ton visage de petit homme. Tu t'appelles Victor. En quelques heures, tu as conquis les cœurs. Ta première victoire sur le monde, peut-être la plus essentielle. Et me voilà grand-mère, la mère de ton père. Ce grand fils que j'aime tant. Et toi maintenant. Aimer encore. Sans limite. Sans peur. Te faire ce cadeau. Te donner cette force.

J'aime ton visage de nouveau-né affamé à la sortie du bain, agrippé à ton pouce dans l'attente que le lait te nourrisse. La vie commence avec ce besoin, cette attente, cet espoir ; une vie qui te remplisse. On te dira plus tard que tu es né à une drôle d'époque. Naître et grandir c'est découvrir ce que les générations précédentes t'ont légué de fabuleux et de plus dramatique. L'un ne va jamais sans l'autre, au plus fort du courant tu choisiras ta rive. Du haut de l'arbre où ta naissance me projette, riche de mon expérience, de mes grands bonheurs et de mes peines, de toutes mes épreuves, de toutes mes victoires, je te transmets ma foi : tu pourras choisir ce que tu veux vivre, celui que tu veux être.

De l'autre côté de l'Atlantique, j'attends de te serrer dans mes bras, de sentir ta peau si lisse déjà caressée mille fois, qui ne jamais ne s'use, qui jamais ne se lasse d'entrer victorieuse dans la vie de ses parents.