dimanche 23 août 2015

Skype, un ami qui vous veut du bien




"Il n'y a pas de distance entre les êtres. Il suffit de consentir à la connaissance."
Thérèse Tardif

Gagner du temps
J'avais jusqu'à présent réservé l'usage de Skype à des objectifs professionnels. Quand on cherche à optimiser le temps, ne pas le perdre dans les transports est une excellente stratégie. Une fois familiarisé avec la petite fenêtre, les quelques onglets et les reflets respectifs, la relation peut s'établir et les échanges se faire avec l'efficacité attendue d'un rendez-vous professionnel.

Mieux écouter
Le deuxième avantage de Skype est de faire l'économie de certains sens : le toucher et l'odorat. On est libéré de la place que peut prendre le corps dans la relation. Tout d'abord, on n'en présente que "des morceaux choisis" dont on sait qu'ils sont en totale sécurité ce qui donne une impression de contrôle. Par ailleurs, cela permet d'être plus détendu, moins centré sur soi . De ce fait, on écoute mieux ; les informations parasites sont moins nombreuses. On pourrait dire que lorsqu'on est absent on est plus présent.

S'affranchir des distances
J'ai toujours rêvé d'être téléportée. J'attends cette invention avec impatience comme certains rêvent d'aller sur la Lune. Claquer des doigts et être déjà ailleurs. Dissoudre les distances. En fait, c'est un peu ce qui se passe avec Skype (ou autre Hangout). Je suis là et à la vitesse satellitaire mon image se dessine et se meut à l'autre bout de la planète. J'y suis et je n'y suis pas. Quand le lien n'est pas professionnel mais amoureux, la magie a ses limites, celle d'un corps impossible à étreindre, une odeur dont l'absence trace le sillon de la frustration. Face aux miracles de la technologie, le cœur bat mais le corps souffre. Aucune image aussi animée soit-elle ne remplace la présence de l'amant. Cependant elle permet d'attendre et d'espérer.

La sociologue américaine Sherry Turkle dit que nous sommes "connectés mais seuls" : la technologie  nous pousse à gérer notre image (Je ne montre qu'une image très contrôlée de moi-même : selfie et autre avatar choisi) et notre temps (Je ne communique que lorsque j'ai envie) et nous empêche d'entrer véritablement en relation. Nous ne savons même plus comment faire. Il s'agit donc, comme en toute chose, de trouver un équilibre entre l'usage de la technologie et le plein pied dans le réel qui -il est vrai- est beaucoup moins sécurisant mais plus satisfaisant.




vendredi 14 août 2015

Commencer une nouvelle vie



"Quand on aime, il faut partir."
Blaise Cendrars

De Paris à Brasilia...
L'amour de soi, l'amour de l'autre, l'amour de son métier, du voyage, d'une culture... L'amour est un moteur de changement. Pourquoi le fuir si ce n'est pour éviter de changer ?

Partir c'est perdre ses repères
Changer c'est à la fois perdre et gagner ; perdre le connu, le sécurisant, ce qu'on maîtrise et gagner l'inconnu,  la surprise, la nouveauté; C'est à la fois faire des deuils et s'enthousiasmer d'avoir tant à découvrir de soi et du monde. Changer c'est perdre de nombreux repères liés à son environnement :

- affectif et de soutien (famille, amis, médecins, commerçants ...)
- social (travail, collègues, place dans l'échiquier professionnel...)
- financier (gains, dépenses, niveau de vie...)
- géographique (Comment s'orienter, se déplacer, s'habiller...)
- linguistique (Vais-je pouvoir communiquer comme je souhaite ? Serai-je compris ?)
- culturel (Comment regarder, interpréter ce qui m'entoure ? Quel regard pose t-on sur moi ? Comment vais-je me positionner par rapport à ce nouveau monde ?)

Changer entraîne de l'insécurité, de la peur, du malaise et donc forcément des maladresses. I

Accepter de ne plus contrôler grand chose
Partir c'est laisser derrière soi le passé et s'ouvrir totalement à l'avenir. C'est la chance de commencer une nouvelle vie si on accepte de se remettre en question plutôt que de se crisper sur ses certitudes comme le commande la peur. Partir est une expérience de lâcher-prise : accepter un état de flottement en se rappelant que plus le courant est fort, plus il faut se laisser porter pour éviter l'épuisement.

En fait, il y a au moins deux choix possibles :

- l'ouverture totale : "I surrender" ou "Je me rends/ Je m'abandonne à une volonté supérieure" comme dans le si beau film L'Odyssée de Pi de Ang Lee. On s'en remet totalement au destin en quelque sorte si on est optimiste ou aventurier. On est alors forcément projeter dans des univers qu'on aurait sans doute éviter.

- la ligne de mire : vous partez avec un projet, un objectif précis, un sens à donner à votre vie,  un nouvel horizon qui vous motive et vous donne la force de faire face à l'inconnu. Cette perspective doit être suffisamment stimulante pour vous permettre de dépasser les obstacles liés à la perte de maîtrise.

Il existe sûrement une troisième voie, à mi-chemin entre les deux.

Commencer une nouvelle vie, non en substitution de la précédente comme on jetterait le bébé avec l'eau du bain mais comme une vie qui s'ajoute à celle à laquelle elle succède. Garder le meilleur de soi, de ses expériences et disposer de l'énergie nécessaire pour déployer ses ailes.